Nos enfants sont ce que nous avons de plus précieux. C’est évident ! Nous y tenons comme à la prunelle de nos yeux. Nous ne supportons pas que quiconque les frustre, les blesse, les délaisse. Mais savez-vous qu’il n’en a pas toujours été ainsi ? Savez-vous que dans les siècles passés, les enfants ont été assimilés à des animaux, ignorés, négligés, et régulièrement violentés par les adultes autour d’eux ? Un changement radical s’est produit en deux siècles seulement, et aujourd’hui, l’enfant est au cœur de toutes nos préoccupations. Nous voulons le protéger. Nous mettons aussi tout en œuvre pour optimiser son développement : pour qu’il s’intéresse à tout ce qui l’entoure, qu’il apprenne un maximum de choses, qu’il fasse de bonnes études, qu’il se sente bien dans son corps, qu’il s’accomplisse dans ses loisirs, qu’il s’entoure de meilleurs amis, qu’il soit heureux en couple,… Nous avons beaucoup de projets et d’ambitions pour lui! Ce nouveau regard porté sur l’enfant a grandement bénéficié à la santé physique et mentale de nos enfants.
Le nouveau regard porté sur l’enfant a aussi modifié en profondeur le métier de parent. Le parent n’est plus celui qui impose avec autorité. Il n’est plus celui qui fait obéir l’enfant en le contraignant ou en le menaçant de représailles. Toutes les formes de violence, qu’elles soient verbales (ex. insultes) ou physiques (ex. fessée), sont vivement découragées. Elle sont mêmes interdites dans une grande majorité de pays européens. Les pratiques parentales ont changé : les parents se montrent aujourd’hui chaleureux et bienveillants. Ils laissent l’enfant faire ses propres choix, donner son avis, explorer activement. Ils évitent aussi de se mettre dans une colère disproportionnée vis-à-vis de l’enfant ou en sa présence. Et quand ils le font, ils culpabilisent. Ils privilégient les émotions positives quand ils interagissent avec l’enfant : plaisir, fierté, enthousiasme ou sérénité se doivent d’être au rendez-vous.
Pour les guider dans cet exercice périlleux, des experts (psychologues, coachs, médecins, …) les entourent et leur donnent des conseils. Leurs recommandations portent sur le sommeil, l’alimentation, l’éducation, les jouets, les loisirs, la communication, etc. Elles sont transmises aux parents par les médias, des affiches, des conférences, des livres vulgarisés, des consultations spécialisées… Si ces recommandations sont parfois utiles pour jongler avec toutes les responsabilités parentales, elles peuvent aussi être une source de pression voire d’épuisement pour les parents. Ceux-ci peuvent avoir l’impression qu’ils n’en font jamais assez pour leurs chères petites têtes blondes. Ils peuvent être tentés de les surprotéger voire de les prémunir de toute mauvaise expérience. Ils peuvent aussi être tentés de les surstimuler en les ‘gavant’ d’activités. Un tel surinvestissement n’est pas nécessairement bon ni pour le parent ni pour l’enfant. Tandis que le parent sous pression s’épuise, l’enfant peut lui aussi se sentir anxieux de tout réussir parfaitement, d’être le meilleur dans tout ce qu’il entreprend. A trop protéger l’enfant, nous risquons de le rendre incapable de faire face aux difficultés et aux frustrations. A trop le stimuler, nous l’empêchons de développer sa capacité à tolérer l’ennui, l’attente ou le manque. A nous centrer excessivement sur ses besoins, nous l’empêchons de développer sa capacité à prendre en compte ceux des autres…
Pour nous prémunir nous-mêmes et nos enfants des dérives possibles du culte de l’enfant, il convient de trouver un juste équilibre qui nous permette d’en garder le meilleur tout en visant les proportions raisonnables d’une parentalité « suffisamment bonne » au bénéfice d’enfants équilibrés.