Moïra Mikolajczak, Ph.D. et Isabelle Roskam, Ph.D.

Le burnout parental, c’est dans la tête ?  Le niveau de stress parental se lit dans les cheveux !

Dans un de nos précédents articles, nous avons évoqué le ressenti des parents en burnout. Mais le burnout parental, ce n’est pas seulement une souffrance subjective. C’est aussi un mal qui affecte le corps et la santé.

Maria Elena Brianda a comparé le niveau de cortisol capillaire de parents en burnout et de parents témoins*. Le cortisol est l’hormone de stress. Comme d’autres hormones, toxiques ou mêmes drogues, il s’accumule dans les cheveux. Il peut donc être dosé à partir du prélèvement d’une mèche de cheveux et fournit un indicateur biologique du stress vécu au cours des trois derniers mois.

Le taux de cortisol d’une centaine de parents en burnout a été comparé à celui de parents ayant en moyenne les mêmes caractéristiques sociodémographiques (même nombre d’enfants, même structure familiale, etc.) mais ne souffrant pas de burnout parental. Il a également été comparé à d’autres données précédemment publiées dans la littérature.

Les résultats parlent d’eux-mêmes… Comme le montre la figure ci-dessous, le niveau de cortisol des parents en burnout est deux fois plus élevé que celui des parents témoins. Plus inquiétant encore, il dépasse le seuil de 75 à partir duquel le cortisol a des effets dommageables sur la santé physique.

Le taux très élevé de cortisol observé chez les parents en burnout témoigne de l’état d’extrême souffrance vécue par ces parents. Il faut le dire : le burnout parental n’est pas dans la tête (bien qu’il se lise dans les cheveux !). Sachant les effets délétères d’un tel taux de cortisol sur la santé, les résultats de cette étude interpellent. Ils montrent que nous devons tout faire pour prévenir l’occurrence du burnout parental. Cela implique certainement d’agir à la fois au niveau individuel et au niveau collectif. Au niveau individuel, on peut, par exemple, renforcer le soutien dans le couple et/ou revoir ses standards. Au niveau collectif, on peut, par exemple, augmenter la bienveillance et le soutien entre parents et/ou diminuer la pression sur les réseaux sociaux.

En réalité, il existe bien des manières de réduire le stress et l’épuisement parental. Mais il nous semble que la responsabilité ne doit pas retomber intégralement sur les épaules des parents concernés. La société, dont nous faisons tous et toutes partie, a un rôle à jouer. Comment pouvons-nous, chacun.e à notre échelle, contribuer à réduire le stress vécu par les autres parents ? Et si, en réduisant la pression sur nos propres épaules, nous réduisions aussi celles qui pèse sur les autres parents ? Et si tout cela bénéficiait à nos enfants ?

Références :

Brianda, M-E., Roskam, I., & Mikolajczak, M. (2020). Hair Cortisol Concentration as a Biomarker of Parental Burnout. Psychoneuroendocrinology.

Van Uum, S. H. M., Sauvé, B., Fraser, L. A., Morley-Forster, P., Paul, T. L., & Koren, G. (2008). Elevated content of cortisol in hair of patients with severe chronic pain: a novel biomarker for stress. Stress11, 483-488.