Tom accompagne sa mère au supermarché. Quand celle-ci lui refuse d’acheter un paquet de gâteaux, Tom insiste encore et encore, puis se met en colère et finit par faire une crise en se jetant au sol entre deux rayons. Les clients regardent l’enfant… et sa mère, impuissante et dépassée.

Lisa joue avec sa sœur dans le salon pendant que leur père prépare le repas du soir. Une dispute éclate entre les deux enfants et soudain, Lisa pousse violemment sa sœur qui tombe à la renverse et se blesse. Lisa refuse de s’excuser ; elle semble ne pas prêter attention aux pleurs de sa sœur et aux remontrances de son père, comme insensible à la scène qui vient de se produire.

Dans l’entourage de Tom et de Lisa, on dit souvent d’eux qu’ils sont des enfants difficiles. Leurs parents se demandent ce qu’ils ont fait, ou ce qu’ils n’ont pas (bien) fait pour que leur enfant se comporte de cette manière. Ces parents ont le sentiment d’avoir tout essayé : expliquer calmement, crier, punir, et même laisser passer sans prêter trop d’attention… Rien ne semble fonctionner. Et les parents sont à court d’idées ! Les comportements difficiles se maintiennent, restent fréquents et envahissent le quotidien de toute la famille. Certains jours, les parents de Tom et ceux de Lisa sont à bout, prêts à craquer.

Autour d’eux, leurs amis proches les plaignent d’avoir à subir les comportements insupportables de leur enfant. Les grands-parents pensent eux, que tout est leur faute et que l’enfant est tout simplement mal éduqué. C’est également ce que pensent les clients du magasin où Tom a fait sa crise de colère. Pas évident pour les parents de supporter le regard social et les critiques…

Mais est-ce réellement leur faute ?

Les choses ne sont pas si simples… Les comportements difficiles de l’enfant sont très rarement le résultat d’un seul facteur ! On peut les voir comme la partie visible d’un iceberg. Cette partie visible est comme un baromètre qui nous informe sur la santé mentale de l’enfant. Le comportement difficile est souvent le signe d’un mal-être… plus profond. Il faut donc s’immerger sous la surface et observer la partie invisible de l’iceberg. Elle peut nous révéler les raisons pour lesquelles l’enfant ne peut pas actuellement, adapter et réguler son comportement. Ces raisons sont diverses… Un retard de langage peut ainsi être source de comportements difficiles parce que l’enfant ne comprend pas les consignes ou parce qu’il ne peut faire comprendre ses besoins et ses désirs à ses proches. Cela entraîne de la frustration et de la colère qui se manifestent par le comportement.  Une difficulté à établir des liens sécurisants avec les parents et l’entourage proche, peuvent également entraîner des troubles du comportement parce que l’enfant a sans cesse besoin de se manifester, de prendre beaucoup de place, pour ne pas se laisser oublier. Parfois, être difficile est la seule manière que l’enfant a trouvé pour attirer l’attention. Finalement, la maturation du cerveau peut elle aussi être responsable de comportements problématiques. La zone frontale du cerveau, responsable notamment de la capacité à se contrôler, murit très lentement jusque 20 ans et à un rythme variable selon les individus. Un rythme de maturation plus lent peut conduite l’enfant à éprouver des difficultés à concentrer son attention sur une consigne et à contrôler son impulsivité. L’impulsivité comme l’agitation qui résultent de cette immaturité, amènent l’enfant à ne pas respecter les consignes, à désobéir, à se mettre en danger, à provoquer des catastrophes, …

La diversité des origines du « comportement difficile » combinée aux singularités de chaque enfant et de chaque parent fait qu’il n’existe aucune recette magique qui fonctionnerait avec tous les enfants difficiles. Ce qui sera aidant avec celui-ci sera problématique avec celui-là. La prise en charge d’un enfant difficile doit être calibrée en fonction de l’origine (le plus souvent multiple) du comportement difficile, des particularités de l’enfant, de son parent et de leur relation.